Burke et Wills sont morts sur le chemin du retour après avoir traversé l’Australie du sud au nord et du nord au sud. On pourrait penser qu’ils n’ont pas eu de chance mais lorsqu’on regarde de près l’organisation de l’expédition, on en vient à la conclusion qu’ils ont eu beaucoup de chance d’arriver jusqu’au nord. Nos dernières vacances nous ont amené à croiser plusieurs fois leur route dans l’Outback.
Ils sont partis de Melbourne le 20 aout 1860 emportant avec eux 20 tonnes d’équipement et de
vivres, 23 chevaux et 27 chameaux.
26 jours plus tard ils se retrouvent à Balranald, 450 km plus loin, et comme ils trouvent qu’ils n’avancent pas assez vite, ils se débarrassent de certaines provisions comme du sucre et du jus de citron vert ! Le matériel est vendu aux enchères.
Ils mettent encore un mois pour parcourir les 350 km qui les séparent de Menindee, le dernier «
trading post » où la laine des moutons alentours était embarquée sur la Darling River. Ils sont en compétition avec John Mcdouall Stuart qui tente la même traversée pour le compte d’Adélaïde. Il faut encore alléger le convoi donc le gros de l’équipe et des provisions restent dans un camp sur la rive de la Darling river et seuls 8 européens et 2 aborigènes accompagnés de 16 chameaux et 19 chevaux
partent vers la Cooper Creek, la limite nord des terres explorées.
Ils embauchent William Wright,le chef de la « Cattle station » de Kinchega, comme guide, il doit les conduire jusqu’à la Cooper Creek puis retourner chercher le reste du matériel et des vivres à Menindee. Ce qu’il ne sait pas c’est qu’il n’y a plus
assez de chevaux et de dromadaires à Menindee pour le convoyage.
Le 11 novembre 1860 ils arrivent à la Cooper Creek, l’été approche et la prudence commanderait d’attendre l’automne à l’ombre des coulibahs mais impossible de savoir où est Stuart donc 4 d’entre eux décident de tenter la traversée vers le golf de Carpentaria au nord de l’Australie pendant que
William Brahe et 2 autres gardent l’équipement au « dépot 65 ».
Nous ne les avons pas suivis vers le nord. Ils sont partis au début de l’été, à cheval et avec de la nourriture pour trois mois. On n’y était au printemps mais il faisait déjà 38°C à l’ombre donc malgré notre voiture climatisée et des réserves pour trois jours on a préféré s’arrêter là, à cette latitude.
Nous avons retrouvés leurs pas à 150 km de là, aux lacs Congies. Plus de trois mois s’étaient écoulés et ils étaient au bout de leurs réserves. Charles Gray n’a pas pu aller plus loin, il est mort de faim au bord d’un des lacs, on ne sait plus exactement où.
Les 3 autres ont rejoint le « dépôt 65 » le 21 avril au soir pour se rendre compte que l’équipe de garde était partie le matin même. William Brahe a décidé de retourner sur Menindee car un de ses hommes était très malade. Avant de partir, il a enterré des vivres sous un coulibah et il a gravé l’arbre pour en indiquer l’emplacement. L’écorce repousse et recouvre petit à petit tous les messages gravés. L’endroit s’apelle maintenant le « Dig Tree » à cause de l’inscription « DIG »
Ils ont alors essayé de survivre en progressant vers le sud, les aborigènes les ont nourris mais leur régime alimentaire ne convenait pas à des européens épuisés et attaqués par le scorbut. Ils ont croisé plusieurs fois l’équipe de Brahe qui les cherchait mais sans jamais les rencontrer. William John Wills puis Robert O’Hara Burke sont morts au bord de la Cooper Creek à 60 km de là près de la ville actuelle d’Innamincka. Ils ne sont pas morts de
soif mais ils sont morts de faim, trop puisés pour chasser ou pécher dans un endroit plein de gibier d’eau et de poisson.
John King, le quatrième homme a vécu 3 mois avec les aborigènes avant d’être retrouvé par une équipe de secours. Il ne se remettra jamais ni physiquement ni mentalement de son voyage
au bout de l’Australie.
Quant à Stuart, il a attendu que les conditions soient plus favorables, il a rebroussé 2 fois chemin et il a réussi la traversée du pays en ramenant tous ses hommes mais lui aussi est revenu malade. Il a ouvert la seule route qui traverse l’Australie actuellement, elle est bordée
de la ligne télégraphique qui a permis de rallier ce continent à l’Europe.